Discours d’investiture
Palais des sports de Ouaga 2000, le 29 décembre 2015
Excellences, Messieurs les chefs d’État ;
Distingués représentants des chefs d’État et de Gouvernement ;
Excellence, Monsieur le Président du Conseil national de la Transition ;
Monsieur le Président du Conseil constitutionnel ;
Mesdames et Messieurs les Présidents d’Institution ;
Messieurs les Anciens chefs d’État ;
Mesdames et Messieurs les chefs de délégation étrangère ;
Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et chefs de mission diplomatique ;
Distinguées personnalités ;
Honorables invités ;
Mesdames et Messieurs les candidats à l’élection présidentielle ;
Peuple combattant du Burkina Faso.
La solennité de la présente cérémonie rajoute à la charge émotionnelle qui l’enveloppe, faisant de chacune
et de chacun de nous, qui un acteur, qui un témoin privilégié, ou les deux à la fois, de la glorieuse page de
l’histoire récente de notre Peuple que nous sommes en train d’écrire.
Permettez-moi, à l’entame de mon discours, d’exprimer ma gratitude et celle du Peuple burkinabè à toutes les
éminentes personnalités qui, par leur présence honorent cette cérémonie et en rehaussent l’éclat.
Au moment où notre vaillant Peuple ferme la parenthèse de la Transition, pour s’engager résolument dans
Roch Marc Christian KABORÉ a prononcé son tout-premier discours en tant que président du Faso, devant les membres du Conseil constitutionnel.

l’État de droit, en vue d’assurer une gouvernance vertueuse des affaires publiques, je voudrais tout d’abord
lui rendre un hommage mérité.
A tous les valeureux fils et filles de notre chère nation, intrépides combattants de la liberté, de la démocratie
et de la justice qui, ces dernières années, ont payé de leur vie notamment lors de l’insurrection populaire des
30 et 31 octobre 2014 et du coup d’État des 16-17 septembre 2015, la Nation est reconnaissante.
Leur sang versé a contribué à forger le destin du Burkina Faso pour le faire sortir de l’impasse dans laquelle
certains esprits mal intentionnés voulaient le plonger à jamais. C’est pourquoi, avant tout autre propos, je
vous invite à saluer, par l’observation d’une pieuse minute de silence, la mémoire de ces héros, tombés sur le
champ d’honneur pour la grandeur et la dignité de la patrie (…). Je vous remercie.
A tous ceux qui ont souffert ou qui continuent de souffrir encore dans leur chair, je renouvelle toute ma
solidarité et leur souhaite un prompt rétablissement.
Distinguées personnalités,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais ensuite saluer l’action de mes devanciers dans la haute charge de président du Faso, pour ce qu’ils
ont pu faire pour notre pays, ou pour l’espoir qu’ils ont pu incarner ou susciter à un moment donné.
Tout naturellement, je voudrais reconnaître et saluer les mérites du Président Michel KAFANDO dont la sagesse
et la riche expérience nous ont été très utiles, particulièrement aux moments troubles et complexes de la
Transition. A lui, au Premier ministre Yacouba Isaac ZIDA, au président du CNT Chérif SY, à tous les ministres
ainsi qu’à tous les députés de la Transition, je renouvelle nos félicitations pour les services rendus à la Nation.
Je salue aussi le rôle primordial joué par nos organisations communautaires que sont l’UEMOA et la CEDEAO
pour avoir contribué à la stabilité de notre pays et de la région.
Je salue l’implication déterminante de l’Union africaine, tout comme la ferme et clairvoyante position des
Nations unies, lors des évènements récents vécus par notre pays. Leur solidarité avec le peuple du Burkina a
permis de trouver des issues pertinentes aux crises que nous avons connues.
J’exprime ma déférente considération aux pays du continent et hors du continent qui, à travers la présence
amicale de leurs représentations diplomatiques à nos côtés, ont pris fait et cause pour le peuple burkinabè lors
de l’insurrection populaire et du rejet du putsch perpétré par le régiment de sécurité présidentielle.
A nos amis et camarades des partis progressistes de par le monde en général, et en particulier l’Internationale
Socialiste, à laquelle ma formation politique d’origine appartient, je renouvelle ma gratitude pour leur militante
solidarité dans notre combat commun pour l’émancipation des peuples.
Je salue enfin la témérité et le dévouement dans la lutte des camarades des partis ou formations politiques
regroupés à l’époque au sein de l’opposition politique.
Jeunesse combattante, femmes courageuses et intrépides, anciens de toutes les contrées du pays, autorités
coutumières et religieuses du Faso, dépositaires reconnus des sagesses fondatrices des équilibres de notre
nation, vaillantes combattantes et vaillants combattants de la liberté et des causes justes, organisés ou non
au sein des partis politiques, associations et mouvements de la société civile burkinabè, opérateurs du monde
économique, ouvriers, paysans, étudiants, artisans des villes et des campagnes, personnes vivant avec un
handicap, c’est ensemble que nous avons voulu et obtenu le changement, ensemble nous devons en faire un
bien commun pour la paix, la stabilité et la prospérité de la Nation.
Pour ma part, je prends ici l’engagement d’instaurer un dialogue social fécond avec tous les Burkinabé
pour qu’ensemble nous brisions les chaines de la misère pour construire, dans la tolérance et la discipline
républicaine, une nation forte, digne et respectée.
Cela signifie et impose, chères concitoyennes, chers concitoyens, que nous reconnaissions à l’État sa place
et son rôle prépondérants dans la conduite des affaires publiques, son autorité, toute son autorité dans le
fonctionnement harmonieux et régulier des institutions républicaines afin de garantir une bonne gouvernance
au profit de l’ensemble des citoyens.
Cela exige, de la part de tous et de chacun, que nous sachions, dès à présent, contenir nos égoïsmes personnels,

bannir nos divisions stériles, combattre l’intolérance et l’incivisme rampant, pour construire ensemble une
alliance de progrès, à même de porter les ambitions de développement du pays.
Distingués invités,
Je voudrais, en ce moment solennel, rappeler à la face du monde que la victoire du 29 novembre 2015, n’est
pas seulement la victoire d’un candidat ou d’un parti mais celle de tout un peuple insurgé.
C’est la victoire d’une jeunesse burkinabè et africaine à jamais révoltée contre l’obscurantisme et l’oppression.
C’est la victoire de la liberté sur l’arbitraire.
C’est la victoire de la démocratie sur la dictature, contre l’oligarchie d’une minorité et l’opacité dans la
gouvernance.
Cette quête émancipatrice de bonne gouvernance, de justice et d’équité est le sens même de mon engagement
pour le changement et l’édification d’un Burkina nouveau.
Avec les élections couplées, présidentielle et législatives du 29 novembre dernier, un jour nouveau se lève au
Burkina Faso, chargé d’espoir pour un lendemain meilleur.
Mon programme, intitulé « Bâtir avec le Peuple, un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique
et social, de liberté et de justice », devenu par l’onction populaire, le programme du Président de tous les
Burkinabè, ambitionne de répondre à cette quête de justice, de transparence, de démocratie et de prospérité
partagée exprimée par toutes les composantes de notre Nation.
La réconciliation nationale en sera le socle, la paix, le moteur, la vérité, la justice et la transparence, les
adjuvants essentiels, pour construire ensemble dans la durée, une Nation forte, fière, prospère et intègre.
En ce 21e siècle de toutes les interrogations et inquiétudes sur la croissance, la paix et la sécurité dans le
monde, je veux qu’ensemble, main dans la main, avec l’appui et le concours de la diaspora burkinabè et des
partenaires au développement du Burkina Faso, nous entamions la marche assurée de notre Peuple vers la
réalisation de ses aspirations profondes.
Notre vaillante jeunesse a donné de la voix et a montré la voie. Les femmes, les anciens et les responsables
coutumiers et religieux en ont montré la volonté. Je souhaite que dans un élan et un sursaut patriotiques,
les Burkinabè, après avoir forcé l’admiration et l’estime des autres peuples en Afrique et dans le monde, se
donnent les moyens de réussir à relever les défis qui se dressent devant nous.
Que le monde continue de nous regarder et de nous soutenir, car notre démocratie, en s’enracinant, apporte
et apportera davantage de bien-être au pays, à la sous-région, à l’Afrique et pourquoi pas au monde.
Pour ma part, j’en suis convaincu, et d’ores et déjà, je m’engage, avec les jeunes générations, à contribuer à
la construction d’un monde de paix, de démocratie, de justice, d’égalité et de liberté.
Les graves problèmes de gouvernance qui ont failli plonger le pays dans la guerre civile ont des causes et des
responsables. En toute humilité, chacun doit reconnaître et assumer sa part de responsabilité et éviter les
fuites en avant inutiles.
C’est pourquoi la vérité et la justice doivent être recherchées préalablement pour que la paix des coeurs décuple
nos énergies afin que nous soyons capables de nous pardonner effectivement et sincèrement.
L’incivisme, la remise en cause de l’autorité de l’État, et d’une manière générale, le non-respect de la loi par
les citoyens et les personnes morales doivent cesser immédiatement.
En tout état de cause, toutes les mesures seront étudiées et mises en oeuvre pour que force reste à la loi.
Partout, l’ordre et la discipline doivent régner, pour nous permettre, dans le dialogue et la concertation, de
rechercher les solutions appropriées aux problèmes que vivent les Burkinabè.
Tout en étant un ardent défenseur des libertés individuelles et collectives que je souhaite promouvoir et élargir,
je voudrais attirer l’attention de tous que bien souvent l’ennemi de la liberté, c’est la liberté mal comprise et
sans bornes.
Je suis le premier à savoir que le retour indispensable à la normale ne sera pas facile, mais c’est le prix à
payer si nous ne voulons plus continuer à vivre dans un Burkina Faso à plusieurs vitesses, à l’avenir incertain,
où le fossé s’agrandit chaque jour entre un nombre toujours plus restreint de nantis qui ont des droits et les
larges masses populaires condamnées à la paupérisation et à l’exclusion.

Distinguées personnalités,
Mesdames et Messieurs,
Le retour à l’intégrité que je me suis engagé à réaliser dans le cadre de mon programme pour le quinquennat
2015-2020 sera pour chacun de nous une triple exigence :
– une exigence d’amour pour la patrie, dont nous devons défendre constamment les intérêts supérieurs ;
– une exigence de dévouement au travail pour notre pays, au service duquel nous devons mettre tous nos
talents et intelligences ;
– une exigence de probité et de bonne gouvernance dans tout ce que nous faisons, pour ne pas se servir du
pays mais pour le servir de manière désintéressée.
C’est donc à un véritable changement de mentalité et de comportement que je convie les Burkinabè, car les
chantiers qui nous attendent sont titanesques :
– réformer les Institutions et moderniser l’administration pour plus de justice sociale, de démocratie et de
liberté ;
– mettre en place un nouveau modèle de développement centré sur le renforcement du capital humain ;
– promouvoir et vulgariser les technologies de l’information et de la communication ;
– dynamiser les secteurs porteurs pour l’économie et les emplois, en faisant du secteur privé un acteur
important ;
– réaliser un meilleur partage des fruits de la croissance à travers un nouveau contrat social.
Comme j’ai eu l’occasion de le rappeler à plusieurs reprises, la IVe République a vécu. Dès lors, mon engagement
de passer à la discussion et l’adoption de la Constitution de la Ve République pour mieux réformer les
institutions et engager la modernisation indispensable de l’administration reste au coeur de ces réformes à
faire. Aux amis et aux partenaires au développement du Burkina Faso, je tiens à réaffirmer notre engagement
sans faille à honorer la parole et la signature du Burkina Faso, dans le respect de l’indépendance et des
intérêts supérieurs de notre Peuple.
C’est pourquoi, je voudrais lancer un appel du haut de cette tribune pour un accompagnement plus substantiel
de la communauté internationale et des partenaires techniques et financiers aux efforts de relance économique
et d’amélioration de la gouvernance dans notre pays.
Distingués Chefs d’État,
Mesdames et Messieurs,
Au moment où j’accède à la plus haute charge de l’État, la situation sécuritaire dans le monde, en général et
dans la sous-région ouest africaine, en particulier est préoccupante en raison de l’ampleur des menaces et
actions terroristes.
C’est pourquoi nous devons mutualiser nos moyens de défense, nos informations, entre nos pays et de concert
avec tous les autres pays qui luttent contre le terrorisme dans le monde pour présenter un front uni contre
ces fléaux qui menacent l’existence même de nos États.
Je réaffirme mon engagement et celui de mon pays à oeuvrer avec tous nos pays voisins et au sein des
institutions communautaires que sont notamment l’UEMOA et la CEDEAO pour la paix, la sécurité, l’intégration
régionale, la coopération et la solidarité agissante entre nos pays et nos peuples.
Peuple du Burkina Faso,
Chères concitoyennes,
Chers concitoyens,
La nouvelle page de notre glorieuse histoire commune que nous nous sommes engagés à écrire ensemble sera
nécessairement une oeuvre collective. J’ai foi en l’avenir radieux de ce pays et à la capacité de son Peuple à
se surpasser pour défendre son honneur et construire son avenir. Je suis fier d’être Burkinabè et de pouvoir
apporter ma modeste contribution à la paix, à la démocratie, à la justice, à la réconciliation nationale et à la
prospérité partagée entre les Burkinabè. Je veux croire à toutes nos chances de continuer à bénéficier de la
clémence divine pour la paix au Burkina Faso.
C’est pourquoi, je me tourne vers les gardiens de nos traditions multiséculaires, vers nos autorités coutumières

et religieuses et vers toutes les personnes de bonne volonté pour tout ce qu’ils ont toujours fait et continueront
à faire pour cette paix si précieuse dont le pays a tant besoin.
Je renouvelle ma gratitude à toutes et à tous, et je rappelle que le Burkina Faso a été, est et restera un héritage
commun aux Burkinabè.
C’est pourquoi nous devons le gérer en bon père de famille, prudent, diligent et honnête, pour le bien des
générations présentes et à venir.
Autrement, nous serons donc tous comptables, chacun pour sa part de responsabilité, de l’avenir de ce pays
que nous aimons tous.
Pour terminer, je voudrais réitérer notre profonde gratitude et nos remerciements sincères à tous les Chefs
d’État et de gouvernement ici présents ou représentés, à tous les peuples africains, à toutes les délégations
venues d’Europe, d’Amérique et d’Asie pour leur présence amicale et leur solidarité avec le peuple burkinabè.
En cette fin d’année 2015, je tiens à souhaiter à toutes et à tous une bonne et heureuse année 2016.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso !
Je vous remercie.